Conseil N°4 : La vacuité pendant le confinement

Pour beaucoup, le confinement est synonyme d’inactivité et vient nous bousculer sur la question de la vacance et donc de la vacuité.

La pandémie a imposé un arrêt brutal de beaucoup de services, industries et commerces et nous sommes nombreux à être au chômage, sans business ou en vacances forcées. Outre la peur du manque d’argent ou la colère éventuelle que peuvent provoquer ces congés non prévus et confinés, la situation peut également provoquer quelques angoisses face à au manque d’activité. En temps normal, le travail, les déplacements et nos diverses occupations prennent une place énorme dans notre mode de vie; Le véritable temps libre, passé à se reposer ou à buller est réduit à peau de chagrin, d’autant que la télévision ou Internet sont des passe-temps très chronophages. Avez-vous mesuré le temps quotidien sur votre smartphone ? Ces occupations habituelles nous détournent souvent de nous-mêmes, voire sont devenues un moyen d’éviter la vacuité. Alors que nous pourrions être ravis d’avoir enfin du temps libre avec le confinement et en profiter pour ne rien faire, nous nous retrouvons possiblement confrontés à l’ennui et même à l’angoisse d’être en tête à tête avec nous-mêmes. Le confinement à cette particularité étonnante qu’il nous confronte de manière a priori paradoxale à ce que nous pouvons ressentir lorsque nous sommes dans les grands espaces : il est impossible de s’éviter !

Il n’est pas toujours facile d’écouter un éventuel élan intérieur se manifester en dehors de la structure routinière du métro-boulot-dodo. Cette prépondérance du travail dans nos vies nous laisse parfois très démunis, avec un cruel sentiment d’inutilité et peut même nous faire croire que sans lui, notre vie tout entière n’a plus de sens ! Alors que nous n’en avions pas l’habitude, tout apparaît maintenant comme au travers d’un microscope électronique : nos émotions enfouies, notre solitude, le manque de sens de notre existence, voire celui de nos relations… Et pas moyen de se fuir, sauf en enchaînant des séries sur Netflix !

La question de l’intimité avec soi-même ou avec l’autre n’a jamais été autant actuelle. Si les conséquences du manque de relation avec soi-même sont si importantes, c’est aussi parce qu’elles conditionnent nos relations aux autres. Si je suis au clair avec ce que je vis intérieurement, alors je vais pouvoir l’exprimer à l’autre et peut-être pouvoir ainsi me faire entendre. Mais aussi pouvoir créer un espace d’échange où chacun pourra exister, sans violence, sans jugement, avec bienveillance.

Cela peut aussi me donner l’occasion de me (re)positionner, de transformer la promiscuité en intimité véritable, d’interroger mes choix de vie, voire de les remettre en cause pour me sentir plus aligné. 

Après avoir fait un grand nettoyage de printemps, rangement et tri de notre lieu de vie, il peut être tout à fait salutaire d’apprendre maintenant à ne plus rien faire. Oui, d’apprendre à s’ennuyer ! C’est de l’ennui que naît l’inspiration, une possible nouvelle vision. D’ailleurs, les Amérindiens ont depuis toujours proposé un rite de passage aux nouveaux hommes : celui de la Quête de Vision. Ce rite puissant et hautement transformateur consiste à aller se plonger dans la nature sauvage pendant 3 jours et 3 nuits sans nourriture, sans rien pour se distraire. Il représente à lui seul,  le passage de l’enfant à l’homme adulte. 

Conseil pour guérir notre enfant intérieur

Ce confinement peut être l’occasion pour certains de revenir à ce que nous aurions tous dû avoir le droit de vivre enfant : ne rien faire ! Rêvasser, contempler, s’ennuyer… Pour que, de l’intérieur, émerge un élan de vie transformateur et réellement innovant.

Alors pour commencer, je vous invite à programmer (oui, c’est parfois le moyen de s’autoriser à le faire) 2 heures par jour, où vous n’allez rien faire (oui, vous pouvez les partager en deux, 1 heure le matin et 1 heure l’après-midi !). 

Regardez les enfants, ils vous enseigneront : allongé sur le ventre par terre, ou le nez en l’air sur le dos, vous allez donner à cet enfant en vous, tout le loisir de s’ennuyer. Paule Lebrun, qui accompagnait des quêtes de vision, disait que l’ennui est une “porte”. Offrez cette porte à votre enfant intérieur !

En vous connectant ainsi à l’enfant qui vit en vous et en le laissant libre d’ÊTRE, vous reconnaissez sa qualité d’ÊTRE. Après tout, nous ne sommes pas des faiseurs humains, mais bien des ÊTRES humains. Et peut-être que cette oisiveté*, donnera à votre enfant intérieur une envie furieuse de prendre des crayons ou des pinceaux, de se lancer dans une danse sauvage ou de continuer à ne rien faire et juste d’écouter le chant des oiseaux par la fenêtre. 

Mais, l’expérience que nous vous proposons consiste à reconnaître en lui sa dignité d’ÊTRE, c’est à dire de reconnaître qu’il n’a pas “besoin” de légitimer son existence par des actions. Sa seule existence est suffisante : demande-t-on à une rose de justifier son existence ou ne se réjouit-on pas de seulement la contempler ? 

A tous, nous vous souhaitons inspiration et révélation pour que le nouveau advienne en nous et dans le monde que nous voulons.

Bien à vous,
Laurence et Philippe


*L’oisiveté désigne l’état d’une personne qui n’a pas d’activité laborieuse. Selon les époques, selon le contexte, la notion d’oisiveté est associée soit à une valeur, celle de l’otium antique, cultivée par l’aristocratie, soit à la paresse, à l’inutilité, dans une société sacralisant le travail.