Conseil N°3 : la solitude

Après quasiment trois semaines de confinement, sans pouvoir sortir, voir nos amis ou nos proches, nous sommes nombreux… à nous sentir seuls. La situation inédite et imprévisible nous confronte à l’isolement. Pour certains, le confinement se passe en famille, mais la solitude n’est malheureusement pas réservée à ceux qui sont totalement isolés. Ça peut sembler paradoxal, mais on peut aussi se sentir très seul avec son conjoint… Pour d’autres, c’est l’isolement total. Dans tous les cas, que l’on soit enfermés à deux ou trois, ou seul de chez seul, le sentiment de solitude peut faire ou refaire surface et devenir pesant, voire angoissant.

Si le confinement actuel exacerbe évidemment notre sentiment de solitude, il n’est malheureusement pas nouveau. Nous le connaissons sans doute déjà bien. C’est un sentiment que nous sommes nombreux à ressentir régulièrement. On se sent coupés des autres et du monde, incompris, parfois rejetés ou abandonnés, peut-être en colère mais le plus souvent tristes.

Evidemment, nous avons de bonnes raisons pour ressentir cela. Ou plutôt, notre enfant intérieur a de bonnes raisons. Car déjà tout petit, peut-être que nos parents étaient peu présents, peu disponibles. Nous nous sentions déjà souvent très seuls… Ce sentiment a même pu nous conduire à penser que nous méritions cette solitude. Nous n’étions probablement pas assez intéressants ou aimables pour que nos parents nous consacrent du temps et de l’amour. Et puis, ce sentiment s’est peut-être renforcé à l’école. Nous nous sentions différents ou incompris, parfois même stigmatisés dans cette différence et rejetés par les autres enfants ou les professeurs. Cette situation s’est évidemment répétée dans notre travail ou dans notre couple et, au final, notre vie est pleine de… vide, de solitude.

Conseil pour chérir son enfant intérieur : être présent à lui

Alors, pour guérir cet enfant intérieur qui se sent seul depuis si longtemps et pour qui le confinement ravive cette souffrance, voici ce que je vous propose :

Pour commencer, vous allez prendre le temps de retrouver votre enfant intérieur. Installez-vous bien et prenez dans vos bras un coussin ou un oreiller. Vous avez maintenant l’habitude de le retrouver ainsi. Fermez les yeux et connectez-vous avec ce petit ou cette petite, celui ou celle qui s’est senti si seul, si perdu… Il est collé à vous, contre votre poitrine, se laissant aller de plus en plus. Prenez le temps qu’il faut pour établir un bon contact avec lui, un contact d’amour. Ça y est, vous le sentez bien et vous êtes pour lui ou elle comme la bonne maman ou le bon papa que cet enfant n’a pas eu à ce moment-là. Peut-être même comme une grande soeur ou un grand frère aimant. La première chose pour aider cet enfant qui se sent si seul est déjà de lui donner plein d’amour. Alors, dites-lui que vous êtes là pour lui, rassurez-le en lui parlant à voix basse : “ tout va bien, je suis là, je serai toujours là, tu n’es plus seul.” Déjà, vous devez sentir au fond de vous que ces premiers moments d’échange et d’amour avec vous, l’adulte, font du bien à votre enfant blessé. Au fond, c’est sans doute même tout ce dont il avait besoin !

Vous pouvez continuer en lui parlant de ce qu’il se passe en ce moment, de cette situation qui provoque cet isolement et au final ce sentiment de grande solitude. Rassurez-le comme le ferait un bon papa ou une bonne maman : l’adulte que vous êtes sait bien que vous n’êtes pas responsable de la situation, mais lui ne le sait peut-être pas ! S’il a 4 ou 5 ans, il a pu penser que c’était de sa faute, qu’il était peut-être même puni. D’autant que les directives gouvernementales peuvent être vécues par lui comme injustes, incohérentes : pourquoi, par exemple, ne pas avoir le droit de se promener, ou de faire du sport là où il a l’habitude d’aller ! Rassurez-le comme vous le feriez avec votre fils ou votre fille de 5 ans. Expliquez-lui les choses simplement. Il n’est absolument pas responsable de cette solitude.

Vous pouvez aussi lui demander à voix haute, ou dans votre cœur, ce qui l’aiderait à se sentir moins seul, au quotidien. Vous entendrez la réponse au fond de vous-même. Il a peut-être juste envie de retrouver sa famille ou ses copains. Alors, pourquoi ne passeriez-vous pas un moment au téléphone, sur Messenger ou Skype avec vos parents, vos frères et sœurs ou vos amis ? C’est peut-être l’occasion d’appeler cette vieille copine avec qui vous n’avez pas échangé depuis si longtemps… Et pourquoi n’organiseriez-vous pas un apéro à distance avec vos meilleurs potes, ceux avec qui il vous arrive de dîner parfois en ville ? Ou encore une Netflix party, ce qui permet de regarder un film à plusieurs en même temps sur le réseau (si vous êtes abonnés, évidemment) et de le commenter en temps réel ou à la fin au téléphone ou par Messenger ? Ecoutez bien ce qu’il ressent et ce qui lui ferait du bien pour se sentir moins seul. Vous trouverez des solutions. L’une d’elles pourrait encore être de lui parler dans un miroir en le regardant dans les yeux. Pour ceux qui n’en ont pas l’habitude et qui sont gênés parce qu’il voit l’adulte et seulement lui, cachez le bas de votre visage de sorte à ne voir que ses yeux. Avec votre intention, regardez son regard à lui – c’est une question d’habitude- et en lui disant, je te vois, je suis là, pour toi, avec toi. Je t’aime et tu es très important pour moi. Dans tous les cas, rien qu’en lui consacrant ce petit moment d’échange, vous sentez bien, au fond de vous, qu’il va mieux, car tout ce dont il avait besoin, c’était d’un regard et d’un peu d’attention.

Bien à vous,
Laurence et Philippe

Laurence Cailler est psychothérapeute transpersonnelle – voir son site