Conseil N°2 : le confinement et la colère

Après l’annonce de la forte contagion du coronavirus et l’obligation du confinement, la peur bien légitime dans un premier temps peut laisser place à la colère. 

Pourquoi le confinement obligatoire se durcit-il ? Pourquoi nous considère-t-on comme des petits enfants irresponsables ? Pourquoi ne peut-on plus se promener près des rivières, au bord de la mer en maintenant les distances recommandées…? Pourquoi gaspiller une feuille de papier pour chaque déplacement ? Pourquoi le montant des amendes est-il aussi important ? Combien de temps cela va-t-il durer ?

Beaucoup de questions se posent et certaines personnes peuvent trouver bien arbitraires les décisions qui ont été prises par le gouvernement. Des informations en tous sens circulent, exposant de multiples thèses, y compris celles qui évoquent de possibles complots. Si les adultes que nous sommes se doivent de prendre du recul et de faire preuve de discernement dans la masse d’information disponible, il reste néanmoins très compliqué d’y voir clair, de vérifier les sources, d’y comprendre quelque chose, dans ces domaines qui font référence à des expertises scientifiques pointues et parfois controversées. D’autant plus que, comme nous l’explique l’analyse transactionnelle, l’adulte peut aussi être contaminé par des préjugés inconscients qui nous viennent d’un parent intérieur (notamment les valeurs et croyances que nous parents ont déposées en nous) et/ou par les émotions de notre enfant intérieur (peurs, toute-puissance etc.) pouvant conduire à de l’illusion. La pire situation étant la double contamination de l’adulte par le parent et par l’enfant, se manifestant en particulier par la superstition. La personne se pense totalement objective sans avoir conscience que des jugements et/ou émotions colorent et impressionnent son mode de pensée. Pour en savoir plus : https://formerplushaut.com/prejuges-illusions-dysfonctionnements-des-etats-du-moi/

Devant cette complexité et ce qui peut lui sembler être de l’abus, de la manipulation ou du complot, l’enfant en nous peut se sentir bien démuni, victime de la situation et complètement impuissant. L’idée de complot, en particulier, peut confronter notre enfant intérieur au vécu du secret de famille ou de l’ostracisation (par ex avoir été stigmatisé et rejeté, voire agressé par un groupe à l’école) et réveiller des blessures très douloureuses. Une des réactions légitimes pour se défendre est de se rebeller ou de dénoncer (tentative de réparation du secret de famille). Protester et dénoncer peuvent alors devenir des actes de rébellion, d’autant que le gouvernement peut représenter symboliquement notre premier modèle d’autorité, c’est à dire nos parents. Bien sûr, il ne s’agit pas d’être naïfs et d’avaler toutes les couleuvres ou de faire l’autruche, mais douter des intentions de l’autorité ne peut qu’attiser la colère, voire pousser à la violence ou encore l’impuissance qui peut conduire au désespoir.

De plus, de manière plus prosaïque, le confinement implique aussi, pour certains, d’être seuls face à soi-même ou, au contraire pour d’autres, de devoir partager un espace parfois insuffisant ou modeste. Comment réussir à s’isoler, à ne pas se marcher sur les pieds ? Comment préserver son territoire, protéger son intimité, continuer par exemple de faire les activités qui nous plaisent lorsque l’autre n’en a pas envie ? Il s’agit d’apprendre à  négocier sur la durée, là où pour beaucoup sortir à l’extérieur pouvait représenter un espace de liberté, aujourd’hui quasi impossible. En Chine, plusieurs médias rapportent une nette augmentation des violences conjugales et familiales, conséquence du confinement. Le nombre des demandes de divorces aurait explosé dans certaines villes, sans parler des dépressions. Or, nous savons que lorsque la violence se manifeste, c’est parce que la colère n’a pas été entendue et que la dépression est généralement de la colère qui pourrit.

Conseil pour chérir son enfant intérieur : écouter sa colère et le protéger

Vous l’aurez compris, le premier conseil que nous vous donnons est d’accueillir votre enfant intérieur et de l’écouter dans sa colère. Ne le prenez pas dans les bras, cela attiserait sa colère, il a besoin d’être entendu, écouté, respecté, considéré. Alors, prenez le temps de l’entendre, de lui permettre de s’exprimer et surtout, d’exprimer sa protestation, laquelle est un moyen très efficace pour quitter l’impuissance.

Pour renforcer l’expression de la protestation par le corps, par l’action, plusieurs options peuvent lui être présentées : 

  • prendre une feuille de papier et dessiner en noir ou en rouge cette énorme colère
  • déchiqueter un vieil annuaire en hurlant (si c’est possible), 
  • hurler dans un oreiller, 
  • faire de la bataka pour ceux qui connaissent et qui le peuvent. 
  • mais surtout l’écouter ! 
  • nous pouvons aussi lui proposer d’écrire une lettre à ses parents pour déverser toute la colère émergente, 
  • symboliser ses parents par deux coussins et leur exprimer à voix haute tout son ressentiment voire même symboliser la Vie, le coronavirus, le gouvernement, etc…

Maintenant que votre enfant intérieur a pu se libérer de sa colère ou de sa rage, protégez-le. Soyez un bon parent pour lui. Evitez tout ce qui pourrait alimenter sa rancœur, ses fantasmes, ses illusions, son impuissance. Si vous êtes plusieurs à partager votre confinement (votre conjoint, vos enfants), organisez-vous des moments seuls, des moments où votre enfant peut respirer, se retrouver, se détendre ou écouter de la musique sans avoir à rendre des comptes, à partager, à faire de compromis. C’est important pour lui et… pour vous. Répartissez-vous l’espace où vous vivez de façon à disposer d’un endroit à vous, où votre petit peut mettre son bazar comme il veut, où il se sent libre.

Et puis, protégez le aussi des sources d’informations qui provoquent de la colère. Qui nourrissez-vous lorsque vous passez des heures à fouiller sur Internet : votre adulte qui cherche à s’informer objectivement ou votre enfant intérieur menacé ? En tant que bonne maman ou bon papa pour votre petit ou votre petite, apportez-lui aussi des infos positives, qui rassurent (si si, il y en a… par exemple sur https://positivr.fr/), un peu de tranquillité, de sérénité, d’amour, d’écoute véritable. C’est tout ce dont il a vraiment besoin.

Bien à vous,
Laurence et Philippe

Laurence Cailler est psychothérapeute transpersonnelle – voir son site