Avec le confinement qui dure, beaucoup d’entre vous ont exprimé un fort découragement : jusqu’à quand ? Comment va-t-on s’en sortir ? Et avec ce délai rallongé, le manque qu’on ressentait déjà peut devenir douloureux.
Au début, le confinement a pu être vécu comme une période de vacances imprévue, mais aujourd’hui, après plus de 6 semaines de privation, le manque peut prendre plusieurs visages : celui de l’aimé qui est au loin, que ce soient les enfants, le compagnon ou la compagne, parfois l’hospitalisation de l’un des nôtres que l’on ne peut visiter ou un parent qu’on ne peut même pas enterrer comme on aurait aimé… L’Inquiétude financière, pour beaucoup bien légitime, peut aussi réveiller d’autres manques du passé. De manière moins dramatique, les amis manquent, la famille élargie, les habitudes instituées autour du plaisir, les sorties, les escapades à la mer, etc. Bref, tout ce qui nous permet aujourd’hui de mesurer que nous étions libres et que nous ne le sommes plus !
Alors, comment notre enfant intérieur vit-il ce manque de liens et de liberté et, d’une manière générale, tous les manques qui en découlent ?
Le manque de lien est certainement le plus criant et le plus douloureux. Il peut le ramener à un manque très archaïque, le fait de ne pas pouvoir voir l’être aimé, ou les amis, de ne pas pouvoir les toucher, les prendre dans nos bras, peut le ramener à une solitude originelle douloureuse. Cela peut aussi le ramener à un manque de stimuli affectifs et sensoriels de sa petite enfance qui peuvent même le faire douter de son importance pour les autres, voire de son existence même ! Comment ne pas douter de l’amour de l’autre lorsque la possibilité de relation est si ténue, si distante, si frustrante et limitée ?
Avec le manque de vie sociale et amicale peut aussi émerger le manque de rituels : se retrouver dans la même bar, sortir au restaurant, s’inviter les uns chez les autres : tout ce qui fait notre réseau et avec lui notre sentiment d’appartenance à une communauté. Dans ce nouveau contexte, le manque peut aussi réveiller des peurs, de l’ennui, le sentiment d’inutilité et de solitude. Les rituels sont importants aussi au regard de la structuration qu’ils donnent à nos journée, nos semaines etc. Pourquoi se lever ? Pour faire quoi ? Les placards sont déjà rangés maintenant…
La peur du manque d’argent… Mes revenus ont baissés, comment vais-je faire pour tout payer ? Comment s’en sortir lorsque l’on n’a pas pas d’économies ? Qui pourrait m’aider si je suis en difficulté ?
Le manque de liberté : on ne peut plus sortir quand on veut, aussi longtemps qu’on veut, avec qui on veut et où l’on veut. Privés de sorties, privés de plage, privés de bars, privés de terrasses en ville… De même, c’est plus compliqué d’avoir nos moments pour soi, tout seul, tranquille. Privés d’intimité.
Conseil pour guérir l’enfant intérieur :
Tout d’abord, redonner des rituels à notre enfant, cela a toujours été rassurant pour lui et ça lui offre un cadre protecteur : commencer la journée en le prenant dans les bras (à travers un petit coussin qui le symbolise), lui parler à voix haute. Profitez-en ! En étant seul(e), personne ne pourra vous dire que vous êtes fou(olle) !
Le manque de lien avec ceux que l’on aime, vient souvent rappeler à notre enfant intérieur son propre sentiment d’avoir été négligé, voire abandonné. En prenant tous les jours un moment pour lui, nous allons lui prouver qu’il est important, son existence a besoin d’être reconnue ! Lui donner la possibilité d’être écouté, tous les jours comme une petite méditation, un moment de focus sur lui et sur ses ressentis, va permettre de guérir de ses manques.
Prendre un moment en regardant ses yeux dans le miroir lui donne le sentiment d’exister et surtout d’être vu. Essayez, et persévérez, cela finira par payer !
Quant à ceux qu’on aime et qu’on ne peut plus voir ou serrer dans nos bras, invitons-les plus souvent à faire des moments de plaisir partagé en visio-conférence. C’est peut-être l’occasion de recontacter un vieux copain qu’on n’avait pas vu depuis longtemps. Certes, les rencontres à distance peuvent être frustrantes, mais notre enfant intérieur sera heureux de revoir du monde, de se ressentir en lien, de sentir qu’il compte pour les autres. L’éloignement peut aussi nous donner le défi de la créativité, comment manifester mon amour à distance ? En profiter pour faire une lettre de gratitude, exprimer ce que nous aimons chez l’autre et que nous n’avons jamais osé exprimer et pourquoi pas demander à ceux qui nous aiment, de nous écrire ou de nous enregistrer un message audio soulignant ce qu’ils aiment et apprécient chez nous ? Et si vous sentez qu’il manque de sorties et d’aventure, Internet regorge de documentaires sur les voyages et les terres lointaines. Ça le changera des séries qui ne sont pas toujours faites pour lui…
Quant à la peur financière, et si c’était l’occasion de regarder “pour de vrai” notre lien à l’argent et de mettre de l’adulte dans notre gestion ? L’enfant insécurisé peut parfois nous pousser à ne pas être dans le réel, à préférer ne pas faire nos comptes ou cumuler des crédits à la consommation plutôt que d’être frustré. A-t-on tendance à anticiper nos dépenses ? A mettre un peu d’argent de côté ? Ou, à l’inverse, a-t-on l’habitude de dépenser ce que nous n’avons pas encore gagné ? Avons-nous de bons parents intérieurs pour cet enfant ? Parfois, vivre au dessus de nos moyens est la meilleure manière d’alimenter son manque. Et si on profitait de cette période pour mettre de l’adulte, de la conscience et par exemple remettre à plat tous nos contrats dans l’objectif de faire des économies (crédits, assurances, téléphone, Internet, électricité…) ?
Bien à vous,
Laurence et Philippe