Conseil N°8 : la peur du déconfinement

Comme nous l’avons vu au début du confinement, de nombreuses peurs ont pu émerger avec la pandémie, dont en premier lieu, bien sûr, la peur de la maladie. Or, à l’approche du déconfinement, cette peur peut revenir car on nous répète à longueur de journée que le virus rôde toujours. D’autres peurs peuvent aussi apparaître, comme la peur de l’autre qui pourrait me contaminer. Pendant ces quelques semaines, on a pu voir des réactions de recul ou d’éloignement, donc de méfiance affichée, pas toujours faciles à vivre. De même, on peut être confronté à la peur de soi, la peur de retomber dans nos habitudes mortifères de consommation, peur de ne pas être capable de vivre les mutations nécessaires pour garantir notre survie dans un monde changeant.

Certains collapsologues voient en cette pandémie un avant-goût de l’effondrement. L’annonce de la fin du monde que nous avons connu jusque là soulève peut-être aussi la peur de sortir de notre zone de confort, la peur de la vie, à l’idée de retrouver un monde qui pourrait devenir régulièrement menaçant. La peur de l’inconnu. Quel monde va succéder à celui qui nous a précipité dans ce confinement ?

Derrière toutes ces nouvelles peurs, notre enfant intérieur peut vivre des peurs plus archaïques et inconscientes, comme celle de quitter le ventre protecteur que représente son chez soi, affronter le monde de dehors, lâcher prise pour prendre le risque de la Vie, …

Ces peurs peuvent émerger à notre insu et se renforcer les unes les autres jusqu’à nous prostrer dans une totale passivité et le sentiment d’impuissance. 

Les croyances et les valeurs qui nous auront été transmises – généralement par nos parents, nous auront soit rassuré, soit au contraire inquiété. En effet, comment nous a-t-on parlé de la vie, des autres, de nous-même ? Mettre de la conscience sur tout cela peut représenter une merveilleuse opportunité de grandir encore et de se différencier des modèles appris, mais surtout de quitter l’anticipation négative, propre à l’enfant, qui traduit le plus souvent une projection de nos peurs du passé sur le futur. 

Conseil pour notre enfant intérieur

A chaque fois que notre enfant a peur, la réponse la plus adéquate sera de le prendre dans nos bras, en prenant un petit coussin et en lui parlant pour le rassurer. L’adulte pourra lui parler avec amour, en lui garantissant son engagement à être là pour lui. 

L’adulte peut aussi l’aider à prendre du recul en l’amenant à analyser les croyances et modèles intégrés par ses parents, tout d’abord en en faisant l’inventaire. Nous pouvons nous arrêter avec un crayon et un papier pour recenser les croyances et valeurs que nous avons entendues chez nos parents, mais aussi celles qu’ils ont démontrées, par exemple nous les avons vus s’échiner toute leur vie, sans jamais sembler satisfaits, détendus, ils ont ressassé leur échecs, désabusés ou au contraire nous les avons vus se relever, s’enthousiasmer, se réjouir d’apprendre et de se remettre en cause ? 

Ensuite, nous pouvons aussi prendre le temps de regarder ce que les grandes épreuves de notre vie nous ont offert comme opportunités, nous permettant de prendre conscience que nous avons réussi à transformer ces épreuves, pour en grandir. Comment transformer les épreuves en défis ? Nous pouvons ainsi regarder ce que chacune d’elle nous a appris, sur nous-mêmes, sur les autres et/ou sur la vie.

Quelle compétences ai-je dû développer face à elles ? Quelle croyance ai-je eu à remettre en cause ? En quoi cela m’a-t-il fait grandir ? En quoi cela a-t-il changé ma manière d’appréhender la vie et pourquoi pas le Sacré ?

Pour certains d’entre nous, le confinement a pu être vécu comme une épreuve. Comment le transformer en défi ? Dans tous les cas, en sortir va nous obliger à faire le deuil de cette période particulière, avec les étapes inévitables de colère, de peur et de tristesse. Votre enfant intérieur aura sans doute besoin de vous !

Bien à vous,
Laurence et Philippe

Conseil N°7 : le burn out

Le confinement avec les enfants peut conduire certaines personnes au burnout, à l’épuisement émotionnel, physique et psychique…

En retour de notre dernière newsletter, nous avons reçu le témoignage touchant d’une femme épuisée par les conséquences du confinement, cumulant seule son travail, la garde et le suivi scolaire de ses enfants, les courses et l’entretien de la maison… Limite burnout, elle n’en peut plus. Son retour ne fait malheureusement qu’illustrer ce que vivent beaucoup de nos clients.

Le burnout est un état d’épuisement émotionnel, physique et psychique résultant d’un stress chronique habituellement dû au surinvestissement dans le travail. Les personnes qui font un burnout parlent de dépersonnalisation et de déshumanisation pour décrire ce qui leur survient. Tout s’écroule. Elle n’arrivent parfois même plus à se lever et à faire quoi que ce soit. Comme si leur corps et leur psychisme leur disait “stop, on arrête tout !”.

En général, ces personnes montrent un engagement professionnel sans limite, des attentes élevées, un grand sens du devoir. Elles font souvent preuve de perfectionnisme sans égard aux priorités, voire ont pu faire de leur job le centre de leur vie. On dit souvent que le burnout est “la maladie du battant”.

Pour peu qu’elles vivent une dégradation de leur conditions de travail, elle ne vont plus y trouver la motivation nécessaire pour continuer à tout donner. Si jamais leur environnement personnel ne les soutient plus et même, comme ça semble être le cas de notre cliente, leur quotidien à la maison leur en demande encore plus avec le confinement, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et elles peuvent s’effondrer. Leur organisation était déjà fragile et ne laissait absolument pas le temps pour quoi que ce soit d’autre que leur emploi. Le moindre grain de sable dans l’engrenage fait tout exploser. C’est le burnout.

Le profil psychologique types des sujets au burnout montre ce qu’on appelle en analyse transactionnelle un “Sois parfait” et un “Sois fort” en béton. Ces injonctions nous proviennent de notre éducation, elles sont fallacieuses et en cela très dommageables puisque nous faisant croire que pour être aimé(e), nous devons en faire toujours plus. Qui peut en effet se targuer d’avoir réussi à faire quelque chose de manière parfaite ? Etre fort, suppose également que l’idéal visé ici est de ne jamais se plaindre et de se ne jamais montrer ses émotions, ni ses limites (d’ailleurs ce dernier mot n’est pas dans le référentiel !). En général, ce sont aussi des personnes qui pensent qu’elles peuvent se débrouiller seules – elles l’ont fréquemment démontré – que là aussi, elles vont bien y arriver, quelles que soit ce qui leur est demandé et peu importent les conditions dans lesquelles elles se trouvent. Elles montrent de grandes compétences et un engagement sans faille, mais au fond, cela cache la plupart du temps un énorme manque de confiance et d’estime de soi. 

Conseil pour guérir l’enfant intérieur :

A l’intérieur de la professionnelle et de la maman (ou du pro et du papa) en situation d’épuisement, il y a certainement l’enfant qui a subit ces injonctions de “sois parfait” et “sois fort” et qui manque de confiance et d’estime de soi. Pour compenser, il va mettre en œuvre ce qu’on lui a appris, il va être fort et parfait, mais comme c’est sans limite et que le confinement lui rajoute des contraintes, ça ne va tenir qu’un temps, évidemment. C’est cet enfant-là qu’il va falloir soulager.

En premier lieu, prenez soin de lui, prenez le temps de le retrouver. OK, on a compris que si vous êtes au bord de l’épuisement, c’est sans doute que vous manquez de temps. Mais si vous voulez éviter le vrai burnout, nous vous encourageons sérieusement à prendre ces quelques minutes lui et pour vous ! Accueillez votre enfant intérieur. Un coussin ou un oreiller, vous savez faire. Dites-lui d’emblée qu’il n’a plus besoin d’être fort et d’être parfait. Les circonstances sont exceptionnellement contraignantes, mais l’adulte en vous va faire ce qu’il faut pour se soulager et ne plus réveiller ses blessures en le confrontant à ses limites.

Votre enfant intérieur a sans doute appris à se débrouiller tout seul. Apprenez-lui à demander de l’aide, au travail et à la maison. Apprendre à déléguer implique de lâcher prise, de ne pas tout contrôler. C’est peut-être compliqué pour cet enfant. Expliquez-lui, rassurez-le.

C’est probable également que cet enfant n’ait pas appris à dire non. Cela va peut-être vous bousculer, mais nous vous invitons à poser vos limites. Pour lui, pour vous. Et lorsque ce n’est pas possible de ne pas le faire, apprenez à baisser votre niveau d’exigence : fixez des objectifs plus réalistes et peut-être plus gratifiants. Par exemple, faites une liste des tâches prioritaires, cela aide à mieux gérer son temps. Pour aider à déterminer vos priorités, donnez à chaque tâche un degré d’importance et d’urgence. D’ailleurs, c’est probable que votre enfant intérieur confonde facilement urgence et priorité. Mettez de la conscience sur votre organisation.

Par exemple, beaucoup de parents se sont mis la barre très haut avec le suivi scolaire à distance, essayant de remplacer les instituteurs. Ce qui génère un surplus de travail non négligeable et souvent des tensions bien compliquées alors qu’on est confinés toute la journée dans le même lieu… Quelles sont les motivations inconscientes qui vous poussent à agir ainsi ? Est-ce la peur que votre enfant ne suive plus à l’école ? N’êtes-vous pas en train de réparer les difficultés que vous avez eues enfant à l’école ? Pensez-vous vraiment que 8 semaines sans école vont compter dans 15 ou 20 ans de scolarité et d’études ?

Enfin, faites l’examen de vos habitudes de vie. Ne surchargez-vous pas votre enfant intérieur d’activités peu motivantes, pas gaies et finalement pas si utiles que ça. Quel temps consacrez-vous à l’exercice physique, au sommeil, à vous-même ? Vous protégez-vous suffisamment du manque d’intimité, du manque de repos ? Etes-vous une bonne maman pour vous-même ? N’abusez-vous pas d’excitants comme le café, le thé, l’alcool, le chocolat, les boissons gazeuses, le tabac ? Tout ça ne fait que rajouter du stress. Se maintenir en bonne santé physique a un effet positif sur la santé psychologique et peut vous aider à éviter le pire… 

Nous avons conscience que nos conseils ne règleront pas d’un coup de baguette magique l’angoisse ressentie par votre enfant intérieur face aux circonstances qui le stressent. Il pourrait même culpabiliser de ne pas réussir à ne pas angoisser ! Nous vous invitons à l’accueillir le plus souvent possible sans attendre quoi que ce soit de sa part, juste en lui donnant quelques pauses de temps en temps. Dans vos nombreuses tâches et activités, prenez 5 minutes entre chaque heure pour vous changer les idées.

Conseil N°6 : le manque de l’enfant intérieur

Avec le confinement qui dure, beaucoup d’entre vous ont exprimé un fort découragement : jusqu’à quand ? Comment va-t-on s’en sortir ? Et avec ce délai rallongé, le manque qu’on ressentait déjà peut devenir douloureux. 

Au début, le confinement a pu être vécu comme une période de vacances imprévue, mais aujourd’hui, après plus de 6 semaines de privation, le manque peut prendre plusieurs visages : celui de l’aimé qui est au loin, que ce soient les enfants, le compagnon ou la compagne, parfois l’hospitalisation de l’un des nôtres que l’on ne peut visiter ou un parent qu’on ne peut même pas enterrer comme on aurait aimé…  L’Inquiétude financière, pour beaucoup bien légitime, peut aussi réveiller d’autres manques du passé.  De manière moins dramatique, les amis manquent, la famille élargie, les habitudes instituées autour du plaisir, les sorties, les escapades à la mer, etc. Bref, tout ce qui nous permet aujourd’hui de mesurer que nous étions libres et que nous ne le sommes plus ! 

Alors, comment notre enfant intérieur vit-il ce manque de liens et de liberté et, d’une manière générale, tous les manques qui en découlent ?

Le manque de lien est certainement le plus criant et le plus douloureux. Il peut le ramener à un manque très archaïque, le fait de ne pas pouvoir voir l’être aimé, ou les amis, de ne pas pouvoir les toucher, les prendre dans nos bras, peut le ramener à une solitude originelle douloureuse. Cela peut aussi le ramener à un manque de stimuli affectifs et sensoriels de sa petite enfance qui peuvent même le faire douter de son importance pour les autres, voire de son existence même ! Comment ne pas douter de l’amour de l’autre lorsque la possibilité de relation est si ténue, si distante, si frustrante et limitée ? 

Avec le manque de vie sociale et amicale peut aussi émerger le manque de rituels : se retrouver dans la même bar, sortir au restaurant, s’inviter les uns chez les autres : tout ce qui fait notre réseau et avec lui notre sentiment d’appartenance à une communauté. Dans ce nouveau contexte, le manque peut aussi réveiller des peurs, de l’ennui, le sentiment d’inutilité et de solitude. Les rituels sont importants aussi au regard de la structuration qu’ils donnent à nos journée, nos semaines etc. Pourquoi se lever ? Pour faire quoi ? Les placards sont déjà rangés maintenant… 

La peur du manque d’argent… Mes revenus ont baissés, comment vais-je faire pour tout payer ? Comment s’en sortir lorsque l’on n’a pas pas d’économies ? Qui pourrait m’aider si je suis en difficulté ?

Le manque de liberté : on ne peut plus sortir quand on veut, aussi longtemps qu’on veut, avec qui on veut et où l’on veut. Privés de sorties, privés de plage, privés de bars, privés de terrasses en ville… De même, c’est plus compliqué d’avoir nos moments pour soi, tout seul, tranquille. Privés d’intimité.

Conseil pour guérir l’enfant intérieur :

Tout d’abord, redonner des rituels à notre enfant, cela a toujours été rassurant pour lui et ça lui offre un cadre protecteur : commencer la journée en le prenant dans les bras (à travers un petit coussin qui le symbolise), lui parler à voix haute. Profitez-en ! En étant seul(e), personne ne pourra vous dire que vous êtes fou(olle) ! 

Le manque de lien avec ceux que l’on aime, vient souvent rappeler à notre enfant intérieur son propre sentiment d’avoir été négligé, voire abandonné. En prenant tous les jours un moment pour lui, nous allons lui prouver qu’il est important, son existence a besoin d’être reconnue ! Lui donner la possibilité d’être écouté, tous les jours comme une petite méditation, un moment de focus sur lui et sur ses ressentis, va permettre de guérir de ses manques.

Prendre un moment en regardant ses yeux dans le miroir lui donne le sentiment d’exister et surtout d’être vu. Essayez, et persévérez, cela finira par payer ! 

Quant à ceux qu’on aime et qu’on ne peut plus voir ou serrer dans nos bras, invitons-les plus souvent à faire des moments de plaisir partagé en visio-conférence. C’est peut-être l’occasion de recontacter un vieux copain qu’on n’avait pas vu depuis longtemps. Certes, les rencontres à distance peuvent être frustrantes, mais notre enfant intérieur sera heureux de revoir du monde, de se ressentir en lien, de sentir qu’il compte pour les autres. L’éloignement peut aussi nous donner le défi de la créativité, comment manifester mon amour à distance ? En profiter pour faire une lettre de gratitude, exprimer ce que nous aimons chez l’autre et que nous n’avons jamais osé exprimer et pourquoi pas demander à ceux qui nous aiment, de nous écrire ou de nous enregistrer un message audio soulignant ce qu’ils aiment et apprécient chez nous ? Et si vous sentez qu’il manque de sorties et d’aventure, Internet regorge de documentaires sur les voyages et les terres lointaines. Ça le changera des séries qui ne sont pas toujours faites pour lui…

Quant à la peur financière, et si c’était l’occasion de regarder “pour de vrai” notre lien à l’argent et de mettre de l’adulte dans notre gestion ? L’enfant insécurisé peut parfois nous pousser à ne pas être dans le réel, à préférer ne pas faire nos comptes ou cumuler des crédits à la consommation plutôt que d’être frustré. A-t-on tendance à anticiper nos dépenses ? A mettre un peu d’argent de côté ? Ou, à l’inverse, a-t-on l’habitude de dépenser ce que nous n’avons pas encore gagné ? Avons-nous de bons parents intérieurs pour cet enfant ? Parfois, vivre au dessus de nos moyens est la meilleure manière d’alimenter son manque. Et si on profitait de cette période pour mettre de l’adulte, de la conscience et par exemple remettre à plat tous nos contrats dans l’objectif de faire des économies (crédits, assurances, téléphone, Internet, électricité…) ?

Bien à vous,
Laurence et Philippe


Conseil N° 5 : l’enfant et le sentiment d’impuissance

Pour beaucoup d’entre nous, l’enfance a été l’occasion d’expérimenter le sentiment de frustration et d’impuissance face à l’autorité des adultes, parents ou professeurs. Tout petit, nous avons dû apprendre à bien nous tenir à table, rester assis sur une chaise pendant des heures à l’école, apprendre et réciter des leçons sans même en comprendre l’intérêt, ne pas parler en classe avec ses camarades, et tellement d’autres choses contraignantes. On nous a  même parfois rabâché qu’on n’était pas là pour s’amuser ! Alors de frustration en frustration, un nouveau sentiment a vu le jour, l’impuissance ! 

Le confinement peut nous rappeler cette impuissance face à un arbitraire, qui, s’il est compréhensible par notre adulte vus les enjeux de santé, n’en demeure pas moins contraignant. Le printemps est là, victorieux et nous voilà, pour un grand nombre, confinés dans un appartement ou une maison sans le loisir d’aller à la mer ou jusqu’au parc le plus proche, qui est encore trop loin. Cette contrainte est-elle vécue dans l’adulte, qui comprend, accepte et fait le dos rond en attendant la fin de la pandémie, ou vient-elle réveiller les frustrations de l’enfant impuissant ?

Quand l’enfant est écrasé par l’impuissance, l’analyse transactionnelle nous apprend que pour s’adapter, il a le choix entre 4 types de comportements, entre soumission et rébellion : 

  • subir la situation et s’y résigner dans la frustration (soumission négative)
  • accepter la situation et s’y adapter (soumission positive)
  • se rebeller et se révolter (rébellion positive),
  • tomber dans la violence ou le désespoir (rébellion négative)

S’il a l’habitude de se soumettre, l’enfant va subir la contrainte selon différentes graduations pouvant aller de l’impuissance totale qui en fait une victime complètement frustrée jusqu’au comportement hyper adapté du bon élève.

S’il a l’habitude de se rebeller, l’enfant va pouvoir râler, réagir en désobéissant ou en se révoltant, voire encourager ou commettre des actes violents, pouvant aller jusqu’à sombrer dans le désespoir. Dans tous les cas, la rébellion est une réaction à la frustration et donc également un moyen de s’adapter, même si c’est en opposition plutôt qu’en acceptation.

On pourrait penser que les bons élèves qui savent s’adapter s’en tirent mieux que les autres. Et pourtant, il s’agit bien d’un comportement d’enfant, sans pensée critique, reniant l’individualité et pouvant conduire à accepter n’importe quelle manipulation. A l’inverse, le rebelle peut se penser libre et donc adulte, toutefois, il ne fait que réagir à la contrainte en enfant insoumis. Il n’en est pas affranchi. Passer son temps à râler ne fait pas de soi un homme libre.

Voici quelques pistes qui permettront à l’adulte de sortir son enfant intérieur de l’impuissance.

Conseil pour guérir notre enfant intérieur

En tout premier, nous vous invitons à mettre de la conscience sur ce qui agite possiblement votre enfant intérieur. Est-il soumis ou rebelle ? A-t-il des comportements négatifs ou positifs ? Si vous reconnaissez en vous l’un des comportements décrits plus haut, c’est que votre enfant intérieur est confronté au sentiment d’impuissance par la contrainte actuelle de confinement et la priorité va être de l’aider à protester, à exprimer sa colère. Il s’agit de libérer toute l’émotion qui l’envahit plus ou moins consciemment.

Faire de la “bataka”, est toujours la première option à laquelle nous vous convions : vous pouvez vous fabriquer une matraque (un tube en PVC peut faire l’affaire pour ceux qui bricolent) ou utiliser une vieille raquette de tennis pour taper sur un matelas ou un canapé. Si la promiscuité pose problème, crier dans un oreiller peut également bien soulager. 

Jouer à “c’est affreux !” pendant 5 minutes peut aussi permettre d’évacuer de la rancoeur, mais à condition de ne pas vous laisser envahir par une énergie destructrice et invalidante. Lorsque la rage est au rendez-vous, déchirer un annuaire en hurlant peut-être aussi une option très libératrice. 

Une fois l’enfant soulagé d’avoir pu exprimer sa colère, quel rôle peut tenir l’adulte en nous ?

L’indignation, telle que Stéphane Hessel, nous y a autrefois conviés, représente une alternative constructive à la soumission ou à la révolte pure.

En plus de permettre à notre enfant intérieur de s’exprimer, l’adulte en nous peut aussi avoir envie/besoin de résister, de s’indigner et de sortir de l’impuissance. Même s’il est bien compliqué de faire la part du vrai et du faux dans la masse d’informations, s’informer et chercher à agir peut être légitime. La pandémie mondiale fait émerger des problématiques économiques, sociales et sociétales qui poussent à la réflexion. L’adulte peut ainsi s’informer et s’engager dans les nombreuses associations qui militent pour les droits des migrants, celui des femmes, ou des minorités, des droits de l’homme, de la défense de la nature ou celles qui luttent contre la suprématie des lois du marché, etc.

Une autre manière d’agir est encore de mobiliser l’enfant libre en nous, en encourageant sa créativité. Cela peut se faire en écrivant, en faisant de la musique, en dessinant, peignant puis en partageant nos créations avec nos proches sur les réseaux sociaux. Si l’inspiration ne vient pas facilement, laissez-le s’ennuyer un peu, comme nous le proposions dans la dernière newsletter. L’ennui est une porte et permet également de lui apprendre la patience plutôt que de céder de suite à son éventuelle toute puissance. Une chance.

Bien à vous,
Laurence et Philippe

Conseil N°4 : La vacuité pendant le confinement

Pour beaucoup, le confinement est synonyme d’inactivité et vient nous bousculer sur la question de la vacance et donc de la vacuité.

La pandémie a imposé un arrêt brutal de beaucoup de services, industries et commerces et nous sommes nombreux à être au chômage, sans business ou en vacances forcées. Outre la peur du manque d’argent ou la colère éventuelle que peuvent provoquer ces congés non prévus et confinés, la situation peut également provoquer quelques angoisses face à au manque d’activité. En temps normal, le travail, les déplacements et nos diverses occupations prennent une place énorme dans notre mode de vie; Le véritable temps libre, passé à se reposer ou à buller est réduit à peau de chagrin, d’autant que la télévision ou Internet sont des passe-temps très chronophages. Avez-vous mesuré le temps quotidien sur votre smartphone ? Ces occupations habituelles nous détournent souvent de nous-mêmes, voire sont devenues un moyen d’éviter la vacuité. Alors que nous pourrions être ravis d’avoir enfin du temps libre avec le confinement et en profiter pour ne rien faire, nous nous retrouvons possiblement confrontés à l’ennui et même à l’angoisse d’être en tête à tête avec nous-mêmes. Le confinement à cette particularité étonnante qu’il nous confronte de manière a priori paradoxale à ce que nous pouvons ressentir lorsque nous sommes dans les grands espaces : il est impossible de s’éviter !

Il n’est pas toujours facile d’écouter un éventuel élan intérieur se manifester en dehors de la structure routinière du métro-boulot-dodo. Cette prépondérance du travail dans nos vies nous laisse parfois très démunis, avec un cruel sentiment d’inutilité et peut même nous faire croire que sans lui, notre vie tout entière n’a plus de sens ! Alors que nous n’en avions pas l’habitude, tout apparaît maintenant comme au travers d’un microscope électronique : nos émotions enfouies, notre solitude, le manque de sens de notre existence, voire celui de nos relations… Et pas moyen de se fuir, sauf en enchaînant des séries sur Netflix !

La question de l’intimité avec soi-même ou avec l’autre n’a jamais été autant actuelle. Si les conséquences du manque de relation avec soi-même sont si importantes, c’est aussi parce qu’elles conditionnent nos relations aux autres. Si je suis au clair avec ce que je vis intérieurement, alors je vais pouvoir l’exprimer à l’autre et peut-être pouvoir ainsi me faire entendre. Mais aussi pouvoir créer un espace d’échange où chacun pourra exister, sans violence, sans jugement, avec bienveillance.

Cela peut aussi me donner l’occasion de me (re)positionner, de transformer la promiscuité en intimité véritable, d’interroger mes choix de vie, voire de les remettre en cause pour me sentir plus aligné. 

Après avoir fait un grand nettoyage de printemps, rangement et tri de notre lieu de vie, il peut être tout à fait salutaire d’apprendre maintenant à ne plus rien faire. Oui, d’apprendre à s’ennuyer ! C’est de l’ennui que naît l’inspiration, une possible nouvelle vision. D’ailleurs, les Amérindiens ont depuis toujours proposé un rite de passage aux nouveaux hommes : celui de la Quête de Vision. Ce rite puissant et hautement transformateur consiste à aller se plonger dans la nature sauvage pendant 3 jours et 3 nuits sans nourriture, sans rien pour se distraire. Il représente à lui seul,  le passage de l’enfant à l’homme adulte. 

Conseil pour guérir notre enfant intérieur

Ce confinement peut être l’occasion pour certains de revenir à ce que nous aurions tous dû avoir le droit de vivre enfant : ne rien faire ! Rêvasser, contempler, s’ennuyer… Pour que, de l’intérieur, émerge un élan de vie transformateur et réellement innovant.

Alors pour commencer, je vous invite à programmer (oui, c’est parfois le moyen de s’autoriser à le faire) 2 heures par jour, où vous n’allez rien faire (oui, vous pouvez les partager en deux, 1 heure le matin et 1 heure l’après-midi !). 

Regardez les enfants, ils vous enseigneront : allongé sur le ventre par terre, ou le nez en l’air sur le dos, vous allez donner à cet enfant en vous, tout le loisir de s’ennuyer. Paule Lebrun, qui accompagnait des quêtes de vision, disait que l’ennui est une “porte”. Offrez cette porte à votre enfant intérieur !

En vous connectant ainsi à l’enfant qui vit en vous et en le laissant libre d’ÊTRE, vous reconnaissez sa qualité d’ÊTRE. Après tout, nous ne sommes pas des faiseurs humains, mais bien des ÊTRES humains. Et peut-être que cette oisiveté*, donnera à votre enfant intérieur une envie furieuse de prendre des crayons ou des pinceaux, de se lancer dans une danse sauvage ou de continuer à ne rien faire et juste d’écouter le chant des oiseaux par la fenêtre. 

Mais, l’expérience que nous vous proposons consiste à reconnaître en lui sa dignité d’ÊTRE, c’est à dire de reconnaître qu’il n’a pas “besoin” de légitimer son existence par des actions. Sa seule existence est suffisante : demande-t-on à une rose de justifier son existence ou ne se réjouit-on pas de seulement la contempler ? 

A tous, nous vous souhaitons inspiration et révélation pour que le nouveau advienne en nous et dans le monde que nous voulons.

Bien à vous,
Laurence et Philippe


*L’oisiveté désigne l’état d’une personne qui n’a pas d’activité laborieuse. Selon les époques, selon le contexte, la notion d’oisiveté est associée soit à une valeur, celle de l’otium antique, cultivée par l’aristocratie, soit à la paresse, à l’inutilité, dans une société sacralisant le travail.

Conseil N°3 : la solitude

Après quasiment trois semaines de confinement, sans pouvoir sortir, voir nos amis ou nos proches, nous sommes nombreux… à nous sentir seuls. La situation inédite et imprévisible nous confronte à l’isolement. Pour certains, le confinement se passe en famille, mais la solitude n’est malheureusement pas réservée à ceux qui sont totalement isolés. Ça peut sembler paradoxal, mais on peut aussi se sentir très seul avec son conjoint… Pour d’autres, c’est l’isolement total. Dans tous les cas, que l’on soit enfermés à deux ou trois, ou seul de chez seul, le sentiment de solitude peut faire ou refaire surface et devenir pesant, voire angoissant.

Si le confinement actuel exacerbe évidemment notre sentiment de solitude, il n’est malheureusement pas nouveau. Nous le connaissons sans doute déjà bien. C’est un sentiment que nous sommes nombreux à ressentir régulièrement. On se sent coupés des autres et du monde, incompris, parfois rejetés ou abandonnés, peut-être en colère mais le plus souvent tristes.

Evidemment, nous avons de bonnes raisons pour ressentir cela. Ou plutôt, notre enfant intérieur a de bonnes raisons. Car déjà tout petit, peut-être que nos parents étaient peu présents, peu disponibles. Nous nous sentions déjà souvent très seuls… Ce sentiment a même pu nous conduire à penser que nous méritions cette solitude. Nous n’étions probablement pas assez intéressants ou aimables pour que nos parents nous consacrent du temps et de l’amour. Et puis, ce sentiment s’est peut-être renforcé à l’école. Nous nous sentions différents ou incompris, parfois même stigmatisés dans cette différence et rejetés par les autres enfants ou les professeurs. Cette situation s’est évidemment répétée dans notre travail ou dans notre couple et, au final, notre vie est pleine de… vide, de solitude.

Conseil pour chérir son enfant intérieur : être présent à lui

Alors, pour guérir cet enfant intérieur qui se sent seul depuis si longtemps et pour qui le confinement ravive cette souffrance, voici ce que je vous propose :

Pour commencer, vous allez prendre le temps de retrouver votre enfant intérieur. Installez-vous bien et prenez dans vos bras un coussin ou un oreiller. Vous avez maintenant l’habitude de le retrouver ainsi. Fermez les yeux et connectez-vous avec ce petit ou cette petite, celui ou celle qui s’est senti si seul, si perdu… Il est collé à vous, contre votre poitrine, se laissant aller de plus en plus. Prenez le temps qu’il faut pour établir un bon contact avec lui, un contact d’amour. Ça y est, vous le sentez bien et vous êtes pour lui ou elle comme la bonne maman ou le bon papa que cet enfant n’a pas eu à ce moment-là. Peut-être même comme une grande soeur ou un grand frère aimant. La première chose pour aider cet enfant qui se sent si seul est déjà de lui donner plein d’amour. Alors, dites-lui que vous êtes là pour lui, rassurez-le en lui parlant à voix basse : “ tout va bien, je suis là, je serai toujours là, tu n’es plus seul.” Déjà, vous devez sentir au fond de vous que ces premiers moments d’échange et d’amour avec vous, l’adulte, font du bien à votre enfant blessé. Au fond, c’est sans doute même tout ce dont il avait besoin !

Vous pouvez continuer en lui parlant de ce qu’il se passe en ce moment, de cette situation qui provoque cet isolement et au final ce sentiment de grande solitude. Rassurez-le comme le ferait un bon papa ou une bonne maman : l’adulte que vous êtes sait bien que vous n’êtes pas responsable de la situation, mais lui ne le sait peut-être pas ! S’il a 4 ou 5 ans, il a pu penser que c’était de sa faute, qu’il était peut-être même puni. D’autant que les directives gouvernementales peuvent être vécues par lui comme injustes, incohérentes : pourquoi, par exemple, ne pas avoir le droit de se promener, ou de faire du sport là où il a l’habitude d’aller ! Rassurez-le comme vous le feriez avec votre fils ou votre fille de 5 ans. Expliquez-lui les choses simplement. Il n’est absolument pas responsable de cette solitude.

Vous pouvez aussi lui demander à voix haute, ou dans votre cœur, ce qui l’aiderait à se sentir moins seul, au quotidien. Vous entendrez la réponse au fond de vous-même. Il a peut-être juste envie de retrouver sa famille ou ses copains. Alors, pourquoi ne passeriez-vous pas un moment au téléphone, sur Messenger ou Skype avec vos parents, vos frères et sœurs ou vos amis ? C’est peut-être l’occasion d’appeler cette vieille copine avec qui vous n’avez pas échangé depuis si longtemps… Et pourquoi n’organiseriez-vous pas un apéro à distance avec vos meilleurs potes, ceux avec qui il vous arrive de dîner parfois en ville ? Ou encore une Netflix party, ce qui permet de regarder un film à plusieurs en même temps sur le réseau (si vous êtes abonnés, évidemment) et de le commenter en temps réel ou à la fin au téléphone ou par Messenger ? Ecoutez bien ce qu’il ressent et ce qui lui ferait du bien pour se sentir moins seul. Vous trouverez des solutions. L’une d’elles pourrait encore être de lui parler dans un miroir en le regardant dans les yeux. Pour ceux qui n’en ont pas l’habitude et qui sont gênés parce qu’il voit l’adulte et seulement lui, cachez le bas de votre visage de sorte à ne voir que ses yeux. Avec votre intention, regardez son regard à lui – c’est une question d’habitude- et en lui disant, je te vois, je suis là, pour toi, avec toi. Je t’aime et tu es très important pour moi. Dans tous les cas, rien qu’en lui consacrant ce petit moment d’échange, vous sentez bien, au fond de vous, qu’il va mieux, car tout ce dont il avait besoin, c’était d’un regard et d’un peu d’attention.

Bien à vous,
Laurence et Philippe

Laurence Cailler est psychothérapeute transpersonnelle – voir son site

Conseil N°2 : le confinement et la colère

Après l’annonce de la forte contagion du coronavirus et l’obligation du confinement, la peur bien légitime dans un premier temps peut laisser place à la colère. 

Pourquoi le confinement obligatoire se durcit-il ? Pourquoi nous considère-t-on comme des petits enfants irresponsables ? Pourquoi ne peut-on plus se promener près des rivières, au bord de la mer en maintenant les distances recommandées…? Pourquoi gaspiller une feuille de papier pour chaque déplacement ? Pourquoi le montant des amendes est-il aussi important ? Combien de temps cela va-t-il durer ?

Beaucoup de questions se posent et certaines personnes peuvent trouver bien arbitraires les décisions qui ont été prises par le gouvernement. Des informations en tous sens circulent, exposant de multiples thèses, y compris celles qui évoquent de possibles complots. Si les adultes que nous sommes se doivent de prendre du recul et de faire preuve de discernement dans la masse d’information disponible, il reste néanmoins très compliqué d’y voir clair, de vérifier les sources, d’y comprendre quelque chose, dans ces domaines qui font référence à des expertises scientifiques pointues et parfois controversées. D’autant plus que, comme nous l’explique l’analyse transactionnelle, l’adulte peut aussi être contaminé par des préjugés inconscients qui nous viennent d’un parent intérieur (notamment les valeurs et croyances que nous parents ont déposées en nous) et/ou par les émotions de notre enfant intérieur (peurs, toute-puissance etc.) pouvant conduire à de l’illusion. La pire situation étant la double contamination de l’adulte par le parent et par l’enfant, se manifestant en particulier par la superstition. La personne se pense totalement objective sans avoir conscience que des jugements et/ou émotions colorent et impressionnent son mode de pensée. Pour en savoir plus : https://formerplushaut.com/prejuges-illusions-dysfonctionnements-des-etats-du-moi/

Devant cette complexité et ce qui peut lui sembler être de l’abus, de la manipulation ou du complot, l’enfant en nous peut se sentir bien démuni, victime de la situation et complètement impuissant. L’idée de complot, en particulier, peut confronter notre enfant intérieur au vécu du secret de famille ou de l’ostracisation (par ex avoir été stigmatisé et rejeté, voire agressé par un groupe à l’école) et réveiller des blessures très douloureuses. Une des réactions légitimes pour se défendre est de se rebeller ou de dénoncer (tentative de réparation du secret de famille). Protester et dénoncer peuvent alors devenir des actes de rébellion, d’autant que le gouvernement peut représenter symboliquement notre premier modèle d’autorité, c’est à dire nos parents. Bien sûr, il ne s’agit pas d’être naïfs et d’avaler toutes les couleuvres ou de faire l’autruche, mais douter des intentions de l’autorité ne peut qu’attiser la colère, voire pousser à la violence ou encore l’impuissance qui peut conduire au désespoir.

De plus, de manière plus prosaïque, le confinement implique aussi, pour certains, d’être seuls face à soi-même ou, au contraire pour d’autres, de devoir partager un espace parfois insuffisant ou modeste. Comment réussir à s’isoler, à ne pas se marcher sur les pieds ? Comment préserver son territoire, protéger son intimité, continuer par exemple de faire les activités qui nous plaisent lorsque l’autre n’en a pas envie ? Il s’agit d’apprendre à  négocier sur la durée, là où pour beaucoup sortir à l’extérieur pouvait représenter un espace de liberté, aujourd’hui quasi impossible. En Chine, plusieurs médias rapportent une nette augmentation des violences conjugales et familiales, conséquence du confinement. Le nombre des demandes de divorces aurait explosé dans certaines villes, sans parler des dépressions. Or, nous savons que lorsque la violence se manifeste, c’est parce que la colère n’a pas été entendue et que la dépression est généralement de la colère qui pourrit.

Conseil pour chérir son enfant intérieur : écouter sa colère et le protéger

Vous l’aurez compris, le premier conseil que nous vous donnons est d’accueillir votre enfant intérieur et de l’écouter dans sa colère. Ne le prenez pas dans les bras, cela attiserait sa colère, il a besoin d’être entendu, écouté, respecté, considéré. Alors, prenez le temps de l’entendre, de lui permettre de s’exprimer et surtout, d’exprimer sa protestation, laquelle est un moyen très efficace pour quitter l’impuissance.

Pour renforcer l’expression de la protestation par le corps, par l’action, plusieurs options peuvent lui être présentées : 

  • prendre une feuille de papier et dessiner en noir ou en rouge cette énorme colère
  • déchiqueter un vieil annuaire en hurlant (si c’est possible), 
  • hurler dans un oreiller, 
  • faire de la bataka pour ceux qui connaissent et qui le peuvent. 
  • mais surtout l’écouter ! 
  • nous pouvons aussi lui proposer d’écrire une lettre à ses parents pour déverser toute la colère émergente, 
  • symboliser ses parents par deux coussins et leur exprimer à voix haute tout son ressentiment voire même symboliser la Vie, le coronavirus, le gouvernement, etc…

Maintenant que votre enfant intérieur a pu se libérer de sa colère ou de sa rage, protégez-le. Soyez un bon parent pour lui. Evitez tout ce qui pourrait alimenter sa rancœur, ses fantasmes, ses illusions, son impuissance. Si vous êtes plusieurs à partager votre confinement (votre conjoint, vos enfants), organisez-vous des moments seuls, des moments où votre enfant peut respirer, se retrouver, se détendre ou écouter de la musique sans avoir à rendre des comptes, à partager, à faire de compromis. C’est important pour lui et… pour vous. Répartissez-vous l’espace où vous vivez de façon à disposer d’un endroit à vous, où votre petit peut mettre son bazar comme il veut, où il se sent libre.

Et puis, protégez le aussi des sources d’informations qui provoquent de la colère. Qui nourrissez-vous lorsque vous passez des heures à fouiller sur Internet : votre adulte qui cherche à s’informer objectivement ou votre enfant intérieur menacé ? En tant que bonne maman ou bon papa pour votre petit ou votre petite, apportez-lui aussi des infos positives, qui rassurent (si si, il y en a… par exemple sur https://positivr.fr/), un peu de tranquillité, de sérénité, d’amour, d’écoute véritable. C’est tout ce dont il a vraiment besoin.

Bien à vous,
Laurence et Philippe

Laurence Cailler est psychothérapeute transpersonnelle – voir son site

Conseil N°1 : confinement : fatalité ou opportunité ?

Le confinement actuel nous expose à des contraintes inhabituelles mais aussi à des émotions fortes. Afin de ne pas succomber à l’impuissance et de transformer cette obligation sanitaire en opportunité de changement personnel, voire de guérison, Laurence Cailler, psychothérapeute et moi-même, avons décidé de vous accompagner dans cette étape inédite, notamment en apportant du soutien à votre enfant intérieur, thématique qui est au centre de nos pratiques. Pour cela, nous vous proposons quelques conseils que nous publierons régulièrement et dont voici la première newsletter. 

La période de pandémie que nous vivons nous confronte particulièrement à la peur. Cette peur peut être rationnelle et pousser les adultes que nous sommes à la légitime prudence face au virus et à la contagion. Elle peut aussi exposer une partie insécurisée de nous-même à la dramatisation, à l’angoisse ou même à la panique. Cette partie fragile de nous-même est l’enfant en nous qui a souffert, qui a été blessé ou qui n’a pas été protégé. Ce que nous appelons notre enfant intérieur. Si vous sentez que vous avez une partie fragile en vous qui est inquiète ou angoissée en ce moment, nous vous proposons de profiter de ce temps de repli sur soi pour chérir et guérir encore et encore votre enfant intérieur, notamment sur cette question de l’insécurité.

Premier conseil pour chérir son enfant intérieur : rassurer l’enfant insécurisé en nous.

Enfant, nous avons tous vécu des périodes pendant lesquelles nous avons été confronté à la peur face à la maladie. Un papa en mauvaise santé, un grand-père qui a lutté de nombreux mois contre le cancer, une petite sœur qui a failli perdre la vie avec une mononucléose, nous-même ayant bien failli y passer avec une sapristi de coqueluche… Les problèmes de santé peuvent être extrêmement insécurisants pour les enfants que nous avons tous été. Peur de perdre le parent qu’on aime, de se retrouver seul, abandonné, peut-être de perdre sa propre vie. Parfois, on a même pu avoir le sentiment qu’on était responsable de ce qui arrivait, notamment lors de la période de l’égocentrisme, période naturelle, entre 4 et 7 ans, où l’enfant qui est toujours dans l’Unité, se sent responsable de tout ce qui arrive dans sa vie. Or, cet enfant apeuré a sans doute manqué à ce moment-là d’un parent rassurant, qui pouvait écouter son émotion sans le rejeter, lui redonner confiance ou le consoler… C’est ce qui fait que cette partie insécurisée est toujours vivante en nous. Nous n’avons pas toujours eu le parent rassurant, sécurisant qui aurait permis d’accueillir l’émotion et de la laisser passer. Dans ce cas, la peur s’est enkystée et elle est toujours là, à l’intérieur de nous. L’adulte, face à la peur, peut analyser la situation avec objectivité, peut s’informer, prendre conseil, puis agir d’une façon adaptée, à la hauteur du risque. Le souci lorsque notre enfant insécurisé est toujours vivant à l’intérieur de nous et qu’il n’a pas été encore guéri, est qu’il n’a pas les moyens d’analyser la situation. Il ressent juste la peur et soit elle le paralyse, soit elle le pousse à faire des bêtises  ! Il ne sait pas quoi faire de cette émotion. Elle peut même l’envahir et alors, c’est la panique ! Si nous ne le rassurons pas, cet enfant va tenter de prendre les commandes de notre vie et de sur-réagir ou peut-être même de faire n’importe quoi, ce qui peut avoir des résultats pires que de ne rien faire.

Or, la période de pandémie à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés peut facilement réveiller cet enfant insécurisé. Il est donc grand temps de s’en occuper !

Alors, pour commencer, prenez d’abord le temps de retrouver votre enfant intérieur… Installez-vous bien, allongé(e) ou assis(e). Vous pouvez prendre dans vos bras un coussin ou un oreiller qui le représente. Fermez les yeux et retrouvez le contact avec votre enfant intérieur, celui qui a eu peur, voire très peur. Imaginez-le lové contre votre poitrine, se laissant aller de plus en plus. Prenez le temps nécessaire à cette reconnexion. Cet enfant n’est pas vous, mais une partie de vous. Ce n’est pas vous, l’adulte qui régresse et prend son doudou ou son nounours. Non ! Vous êtes l’adulte qui prend son enfant dans les bras pour le rassurer, comme une bonne maman ou un bon papa, comme la maman ou le papa que cet enfant n’a pas eu à ce moment-là voire comme une grande soeur ou un grand frère aimant(e). Vous lui faites un gros câlin avec plein d’amour dedans. La première chose pour guérir cet enfant inquiet est déjà de le chérir. Alors, dites-lui que vous êtes là pour lui, rassurez-le en lui parlant à voix basse : “ tout va bien, je suis là, je serai toujours là, tu ne seras plus jamais tout seul.” 

Vous pouvez continuer en lui parlant de ce qui arrive en ce moment, de ce qui peut lui faire peur : la crainte de tomber malade, ou de voir un de vos proches attrapper le virus et peut-être… mourir. Rassurez-le comme le ferait un bon papa ou une bonne maman : l’adulte que vous êtes connait les chiffres, les statistiques. En réalité, il y a un risque infime d’attrapper le virus et encore moins d’en décéder. Dites-lui ces choses simplement, comme on le dirait à un petit enfant, pour qu’il entende bien les éléments essentiels et qu’il comprenne que le danger n’est pas si grand.

Vous pouvez aussi lui demander à voix haute ou dans votre cœur ce qui l’inquiète ou l’angoisse. Vous entendrez la réponse au fond de vous-même, elle sera limpide et vous surprendra peut-être ! Alors, rassurez-le sur le point qu’il soulève. En tant qu’adulte, vous avez ou vous pouvez trouver sur Internet tous les éléments objectifs pour répondre sereinement à son inquiétude. Ce qui remonte de cet “échange” vous permettra peut-être aussi de mettre le doigt sur un événement ou une blessure que vous aviez oubliés. Reparlez-lui alors de ce qui s’était passé à ce moment-là comme vous auriez aimé que votre parent vous parle alors. N’oubliez pas qu’en vous re-parentalisant vous-même, vous avez les moyens de guérir une à une toutes les blessures de votre enfant intérieur. 

Enfin, faites attention que votre enfant intérieur insécurisé ne vous pousse pas, vous l’adulte, à alimenter votre exposition aux informations anxiogènes ! Ça peut-être tellement tentant de se laisser aller à regarder en continu les chaînes d’information, d’écouter la radio ou de lire tout ce qu’on peut trouver sur le Web sur le Coronavirus, pensant qu’on fait cela pour se rassurer, alors qu’en réalité on alimente juste notre enfant intérieur anxieux et apeuré. Diversifiez vos activités, emmenez votre enfant intérieur faire un tour dans la nature. Rien de tel que de gratter dans le jardin ou faire une promenade en forêt avec lui pour déconnecter et retrouver la paix !

Bien à vous,
Laurence et Philippe

Laurence Cailler est psychothérapeute transpersonnelle – voir son site